Les agents municipaux ont eu droit, avec leur dernier bulletin de paie, à un courrier de la mairie un peu particulier. Objet de cette lettre : rappeler le devoir de réserve de chaque agent territorial et leur obligation de neutralité.
La municipalité y fait référence à la « période préélectorale qui
s’annonce » pendant laquelle chaque fonctionnaire doit adopter une
conduite « tant pendant sa présence
au travail que dans le cadre de sa vie privée ». L’agent doit ainsi
faire preuve « de retenue et de
mesure dans l’expression, tant écrite qu’orale, de ses opinions
personnelles ».
Le maire rappelle encore que l’agent doit assurer
ses fonctions à l’égard des administrés « quels
que soient leurs opinions religieuses ou politiques, leur origine, leur sexe,
et doit s’abstenir de manifester ses opinions ».
Les
agents municipaux connaissent très bien leurs droits et devoirs. La réserve et
la neutralité leur sont chevillées au corps. Mais si ces rappels sont tout à
fait légitimes, deux points, toutefois interrogent.
Pourquoi ce rappel maintenant ?
Dans son courrier, le maire fait référence à « la période préélectorale qui
s’annonce ». Le concept est un peu flou. Il aurait fallu, pour le
moins, préciser un peu ce qu’il entend. Mais, quelle que soit la période, le
devoir de réserve et l’obligation de neutralité s’imposent à chaque
fonctionnaire. Il ne peut divulguer d’informations confidentielles ni nuire à
son employeur. Mais pourquoi faire aujourd’hui un rappel à l’ordre qui jette la
suspicion générale ? Pour mieux museler la parole et faire peur au
personnel ?
Quelle limite à la vie privée ?
L’autre point concerne la « vie privée ». Un employé municipal ne peut donc pas
s’épancher, chez lui, sur ce qu’il vit au travail ? L’agent n’a donc pas
le droit de parler de ses difficultés, de son mal-être, de la pression qu’il
subit, des dysfonctionnements des services, des remontrances et
humiliations ? Est-ce que vider son sac dans le cadre de sa vie privée est
condamnable ? Est-ce qu’échanger ses idées sur la société et ses opinions
politiques dans le cercle privé est interdit, parce qu’on travaille à
Saint-Fargeau-Ponthierry ? A-t-il le droit de se défendre
syndicalement ? La liberté
d’expression s’arrête-t-elle aux portes de la ville ?
Tout salarié, quel qu’il soit, a besoin de ce temps
de décompression auprès de ses proches, de son cercle d’amis. Quand on est mal
dans son travail on en parle. C’est 50% de la guérison. Sinon, c’est le
« burnout » qui s’annonce, ou la dépression.
De quoi a peur
le premier édile de la commune ? Que la vie qu’il fait mener à ses agents ne
transpire trop en dehors des murs de la mairie ?
Trop tard. L’ambiance qui règne sous votre toit est
connue depuis longtemps des Féréopontains. Lorsque que l’on observe la valse
des démissions des employés depuis 2014, démissions volontaires, mutations,
arrêts maladie, on a tout de suite compris d’où vient le problème. On ne peut
que s’inquiéter du bilan social désastreux de ces cinq années de mandat. Nous
aurons d’ailleurs l’occasion très prochainement de le souligner.
Le malaise vécu par les agents est également
perceptible au sein des élus de la majorité. Sans revenir sur les démissions
qui ont émaillé le mandat, soulignons seulement les dissensions clairement
affichées de nombreux adjoints et conseillers.
Le maire manque de sérénité. Ne contrôlant plus ses colistiers, il s’en
prend donc à ses agents.
Cette année préélectorale qui s’ouvre lui fait perdre tout sens de la
réalité.