Secrets d’histoire : du bradage du patrimoine communal à la chute finale

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La préservation du bâtiment historique de la mairie a été une constante de la municipalité en place jusqu’en 2014 qui envisageait des extensions devenues nécessaires.Mais les élections municipales de 2014 ont enclenché le début du bradage de la commune.

 

Mars 2014, une nouvelle municipalité prend le pouvoir. A son bord, de nouveaux élus mais aussi des anciens conseillers municipaux, comme celui qui est désigné maire, élu depuis 12 ans. A ses côtés, un premier adjoint déjà élu avant 1995. A l’époque, il avait décidé la destruction du château de Moulignon, dernier château de la commune, ainsi que de la célèbre maison Madelin où a dormi le Général De Gaulle. A leurs places, déjà, des programmes immobiliers (Fief de Moulignon et Les Bastides).

 

C’est le patron du BTP de Seine-et-Marne qui est élu maire. Parmi ses colistiers, celui qui ne tardera pas à lui succéder à la tête de cette fédération.

Lors de la campagne électorale, la nouvelle équipe n’a jamais évoqué le déplacement de la mairie en entrée de ville et la destruction du bâtiment historique. Qu’importe : les deux sont subitement décidés.

© RPA

Les dessous de ce tournant pour la ville

 

Dès l’installation du nouveau maire en 2014, un promoteur lui propose d’acheter ces terrains de centre-ville de grande valeur pour y implanter de l’immobilier. Afin d’éviter une mise en concurrence, un échange est organisé permettant ainsi au promoteur d’acheter les terrains du site mairie 200 euros le m², soit deux fois moins cher que le prix du marché (400 euros le m²). Les terrains de la mairie seront ainsi échangés avec des bâtiments industriels inoccupés en entrée de ville.

A ce jour, l’un des trois bâtiments achetés est toujours en friche. Plus d’un million d’euros sont nécessaires pour le rendre utilisable.

Le privé a mis la main sur le centre-ville laissant les promoteurs immobiliers rentabiliser au maximum cette proie trop facilement obtenue. Le cœur de ville se prépare à un arrêt cardiaque.

 

Vers la chute finale

 

Les services publics (services administratifs, CCAS, police municipale) quittent alors le centre-ville pour laisser place à une logique d’optimisation des intérêts privés et non pas à une logique d’aménagement dans l’intérêt des Féréopontains. Malgré les manifestations et les pétitions, et sans même attendre le résultat du recours déposé en Conseil d’Etat pointant de nombreuses illégalités de ce dossier, la démolition est programmée.

 

Un dernier éloge funèbre a regroupé des habitants venus spontanément déposer leurs bougies devant l’agonie d’une partie de leur histoire. Un siècle de la ville part alors en gravats, effaçant tout un lieu de vie et de mémoire, enfouissant par la même occasion les outils de monsieur Bailly sans aucun respect des engagements pris auprès de sa famille.

 

Les gravats s’amoncèlent en 2018, rejoignant ceux de 1988 du château de Moulignon.

Le 28 novembre 2018, au 65 avenue de Fontainebleau, toute la mairie est transformée en tas de gravats.

Avec la disparition à jamais de ce qui lui servait de cœur, le centre-ville commence son déclin…

Octobre 1987 – démolition du château de Moulignon © RPA

L’histoire ne se répète jamais ?

 

Ici, cette maxime est contredite. Les intérêts de l’immobilier, priorisés par la municipalité, l’emportent une nouvelle fois sur les intérêts publics. A Saint-Fargeau-Ponthierry, l’histoire se répète bien, avec une partie des mêmes acteurs qu’il y a 30 ans.

La question que chacun se pose est : pour combien de fois encore ?

 

30 ans après, l’histoire et l’identité de la commune sont effacées de nouveau par une pelleteuse… et ce, pour toujours.

© RPA

Secrets d’histoire à Saint-Fargeau-Ponthierry : histoire d’une mairie

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Nous sommes au début du XXème siècle. L’industrie, en plein développement, vient s’installer sur la partie vide de la commune de Saint-Fargeau, dans le hameau de Ponthierry.

 

Avec la disparition de la vigne, Saint-Fargeau perd sa principale activité économique. Maurice Leroy vient alors y implanter la première entreprise industrielle de papiers peints de France. Ponthierry se développe avec l’entreprise Leroy comme moteur. Dans une culture d’un patronat paternaliste, Maurice Leroy crée des logements pour ses ouvriers et ses cadres, installe des bains-douches ainsi qu’un dispensaire. Il finance aussi la plupart des activités de la commune (fanfare, club de football…)

 

Devenu maire, Maurice Leroy décide en 1926 de ramener la mairie, alors installée à Tilly, à Ponthierry. Pour cela, il achète à la famille Lefranc une maison placée dans l’axe de son entreprise, reliée à elle par ce qui deviendra l’avenue Beaufils.

Le cœur de la nouvelle ville est né. En 1961 le nom de Ponthierry est rajouté à celui de Saint-Fargeau pour devenir la commune de Saint-Fargeau-Ponthierry.

 

15 maires vont se succéder dans ce bâtiment. Avec leurs équipes municipales et leurs services ils vont façonner cette ville en veillant à lui garder son identité mi rurale, mi urbaine.

En 1995 la nouvelle municipalité, menée par Lionel Walker, décide immédiatement d’agrandir ce bâtiment.

Elle rachète en deux fois, en 1996 puis en 2000, la maison attenante au bâtiment initial : la maison dite « Bailly », du nom d’un artisan forgeron bien connu de la commune.

Une délibération, votée à l’unanimité en décembre 1999, engage la commune à protéger tous les outils de forgeron de l’atelier, inventoriés à cette occasion.

 

Parallèlement au renforcement des équipements du centre-ville qui reprend de la dynamique, la mairie devient le moteur du centre-ville.

En 1996, des travaux confortant cet équipement sont engagés avec la jonction du bâtiment initial et de la nouvelle acquisition.

Puis en 2008 et 2009, l’aménagement du rez-de-chaussée, intégrant les nouvelles normes d’accessibilité, est réalisé, avec notamment une transformation profonde de l’accueil, suivi, en 2010, de la climatisation de tout le 2ème étage.

 

La préservation du bâtiment historique est affirmée. Des extensions, devenues nécessaires, sont alors envisagées.

 

Mais 2014 arrive, et avec, le début du bradage de la commune…

A suivre…