Temps périscolaires : Nouveaux horaires, nouveaux contenus, au bénéfice de qui ?

La mairie a donc tranché. Les nouvelles activités périscolaires se tiendront deux fois par semaine, sur 1h30 à chaque fois. Avec des contenus totalement remaniés.

Qu’une nouvelle majorité veuille marquer de sa patte la politique éducative, rien de plus logique. Encore faut-il que cela ait été pensé en amont, qu’il y ait une cohérence, que les enfants en soient les premiers bénéficiaires, et que le bilan de l’existant ait été fait.

Mais, là, on est en droit de se poser des questions.

 

Vous avez dit concertation?

Pour mémoire, pour la mise en place de la réforme l’an dernier, une large concertation s’était tenue sur plusieurs mois avec pas moins de 13 temps d’échanges avec tous les acteurs concernés – parents, enseignants, animateurs, associations… – plus des enquêtes à destination des parents pour parvenir à établir une organisation scolaire qui tienne le plus possible compte du rythme des enfants.

Si cette mise en place dès la première année de la réforme a pu en mécontenter certains, il n’en reste pas moins qu’au final les horaires choisis l’ont été en tenant compte des avis remontés.

Quelques semaines après les élections du 23 mars 2014, des réunions ont été organisées, à l’initiative des nouveaux élus. Des réunions avec parfois que quelques personnes (à l’image de la première avec seulement 3 ou 4 parents !) et un discours qui n’a cessé de changer d’une fois sur l’autre. Il n’a pas été rare d’entendre des versions différentes du projet engagé d’une réunion à une autre.

Que dire aussi de ce sondage mené tambour battant par les parents élus, pressés par la mairie, pour récolter le choix des familles sur les horaires des Temps d’Activités Périscolaires ? En à peine plus d’un week-end, il a fallu se prononcer entre deux possibilités : soit 1 fois 3h, soit 2 fois 1h30. Un troisième item a tout de même été rajouté demandant si le maintien du rythme actuel n’était pas préférable.

Aucune question par exemple sur la durée de la journée ou le temps effectif de cours par jour.

Comment récolter un avis éclairé sans avoir pris le temps de réexpliquer les enjeux de ces rythmes scolaires ? Comment demander le statu quo ou une autre organisation sans avoir pris le temps de tirer le bilan argumenté de cette première année ?

 

 Le comité de Pilotage vampirisé

Un Comité de Pilotage avait été mis en place dès la rentrée de septembre 2013 pour suivre le déroulement des « 26 Savoirs ». Ce Comité avait commencé à faire des propositions pour améliorer le fonctionnement des TAP. Des aménagements avaient déjà été entrepris. Il devait également faire un premier bilan étayé pour suggérer des modifications pour la rentrée prochaine. (Organisation, moyens humains, formation, communication, articulation des différents temps, contenus…)

Hélas ! L’objet même de ce Comité de Pilotage a été vidé de sa substance. Au final, il n’a seulement pu choisir qu’entre les deux alternatives proposées par la mairie. Une simple chambre d’enregistrement !

 

Les conseils d’écoles bafoués

Ce sont ensuite les conseils d’écoles qui ont émis des propositions d’horaires.

Mais là encore, ces avis n’ont été qu’à peine suivis. Les enseignants ne se satisfont d’ailleurs pas de ce qui est décrété, et les parents s’indignent déjà.

Les horaires décrétés par la mairie (et soumis tout de même à l’approbation de l’Inspection Académique) n’ont aucune régularité. L’après midi notamment, les entrées et sorties d’écoles changent tous les jours. Difficile de s’y retrouver. Les temps de cours de l’après midi sont parfois réduit à 1h05 !

Et, cerise sur le gâteau, deux jours par semaine les enfants auront 5h55 de cours ! Soit 5 minutes de moins qu’avant la réforme ! Alors que l’objet même de cette réforme était d’alléger la journée d’école !

Les enseignants eux-mêmes admettent que ces journées sont trop longues. Les chrono-biologistes réaffirment de leur coté qu’un maximum de 5 heures de classe serait souhaitable.

 

TAP/ NAP : quels contenus ?

Sur le contenu des TAP (ou NAP selon la dénomination adoptée par la mairie), exit les 26 Savoirs ! On fait table rase du passé. C’est une constante de la nouvelle municipalité !

Alors que les activités actuelles s’inscrivent dans le droit fil de la réforme en proposant des activités touchant diverses thématiques (culture, sport, développement durable, sécurité, numérique,…), le plus grand flou persiste sur ce qui sera proposé à la rentrée 2014.

La mairie a tout d’abord tenté d’imposer des activités s’inscrivant dans la continuité pédagogique du programme scolaire. Il avait été demandé aux enseignants de fournir leur progression pédagogique pour que les animateurs puissent poursuivre ce qui a été abordé en classe durant les NAP, sous la forme d’activités pratiques. Proposition retirée depuis, les enseignants ayant à juste titre refusé de fournir leur progression. Rappelons que la collectivité n’a pas à s’immiscer dans le champ pédagogique, dévolu, lui, à l’Education Nationale.

Mais si ce lien entre classe et NAP n’est plus d’actualité, le nouveau projet n’en est pas moins critiquable.

Les animateurs vont construire leurs ateliers en mettant à disposition des parents des progressions « éducatives » (pour ne pas dire pédagogiques) détaillées de ce qui sera abordé, avec un objectif précis à atteindre. Un rendu obligatoire sera à donner aux enfants et parents en fin de cycle. Les enfants devront donc au final fournir un travail, visible pour leurs parents.

On rajoute donc une contrainte aux enfants qui auront, de fait, de la « classe après la classe » !

C’est oublier que ce temps n’est que du périscolaire. Si le contenu peut être ambitieux, ce temps doit malgré tout rester ludique et non contraignant.

Avec cette obligation faite aux animateurs (qui avouent à demi mot sortir de leur métier), on incite les parents à être plus exigeant vis-à-vis du périscolaire que du temps scolaire.

La prochaine étape va-t-elle être de donner aux parents une progression détaillée des cours des enseignants, matière par matière, semaine après semaine ?

 

L’encadrement

Dernier point : les animateurs. De 75 animateurs, il n’en restera plus que 35. Quid des 40 autres ? Comment assurer dans ces conditions les inévitables remplacements qui devront forcément être assurés ? Cette réduction d’effectif est-elle un gage de plus de qualité au service des enfants, de leur épanouissement, de leur sécurité ? Permettez nous d’en douter.

 

L’enfant, l’oublié de cette politique

Sous le prétexte de vouloir rationaliser ce temps périscolaire, de mieux l’organiser, on assiste donc à un détricottage assumé de ce qui avait été mis en place par l’ancienne municipalité, sans même chercher à en faire un bilan transparent. Cela répond avant tout à une volonté purement économique, au détriment de l’emploi, sans se soucier de la qualité de l’offre proposée aux enfants et en oubliant l’enjeu même de ces aménagements du temps scolaire : le bien être de l’enfant.

Oubliés les rythmes scolaires… Oubliés surtout les rythmes de l’enfant.

Aux seuls fins politiques d’une municipalité qui improvise, faute d’avoir su construire un vrai programme.

Sur la politique éducative de la mairie, l’Association « Rassembler pour l’Avenir » restera vigilant !

 

Pour la Commission « Enfance, Education & Jeunesse »
Philippe BOURY